Travailler par forte chaleur en période de pandémie de Covid-19

Si la réglementation ne définit pas le travail à la chaleur, au-delà de 30°C pour une activité sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés.

Quels symptômes ?

Travailler par fortes chaleurs peut être à l’origine de troubles plus ou moins sérieux pour la santé et accroître le nombre d’accidents du travail. Les principaux signaux d’alerte sont une fatigue prononcée, des sueurs, maux de tête, vertiges, nausées, crampes... Il est important de les prendre en compte afin d’éviter des problèmes plus importants tels que la déshydratation ou le coup de chaleur qui peuvent être irréversibles.

Quels sont les facteurs aggravants à prendre en considération ?

• Individuels : condition physique, âge, prise de médicaments ou encore pathologies préexistantes comme les maladies cardiaques qui peuvent influencer la résistance du salarié à la chaleur.
• Collectifs : organisation, conditions de travail, pénibilité de certaines tâches.
• Environnementaux : pollution atmosphérique, taux d’humidité trop fort.

Quelques conseils de la part du médecin du travail pour les salariés devant fournir des efforts physiques

• Éviter de fumer, car la baisse d’oxygène dans le sang peut atteindre 20% (fixation compétitive du monoxyde de carbone CO sur l’hémoglobine des hématies), et que le CO a par ailleurs un effet vasoconstricteur sur les artères coronaires (c'est à dire celles qui permettent d’oxygéner le muscle cardiaque) : risque majeur d’insuffisance de puissance cardiaque disponible, et donc de dépassement des capacités à évacuer la chaleur, voire risque très accru d’infarctus du myocarde. NB : Les fumeurs peuvent avantageusement obtenir la nicotine en utilisant un moyen de substitution (vapotage ; chewing-gum ou patchs avec nicotine, remboursés par l'Assurance Maladie)
• Adapter son alimentation : éviter les aliments gras, dont la digestion mobilise plus les ressources métaboliques disponibles, avec là encore risque de dépassement des capacités à évacuer la chaleur.
• Maintenir un bon niveau d’entraînement cardiovasculaire, en pratiquant en dehors du travail une activité physique adaptée : augmente les capacités d’adaptation aux efforts physiques par temps chaud.
• Former au secourisme et sensibiliser les équipes de travail à l'importance de réagir rapidement si un collègue présente des premiers signes de "coup de chaleur" (rougeur de la peau, sensation de fatigue anormalement intense, difficultés respiratoires, sensation de fièvre) : il est alors CAPITAL d'agir sans délai, car la victime risque de faire un malaise, des convulsions, ce qui peut entraîner une chute avec blessures graves, voire le décès (dans certaines études sur le coup de chaleur, le taux de décès constaté atteint 40 % faute de réaction rapide et d'appel aux secours médicaux).

Les mesures d'urgence en cas de malaise

• Appeler les secours médicaux (Composer le 15 plutôt que le 18 : le SAMU est ainsi prévenu sans délai - URGENCE VITALE) ; détailler les symptômes constatés, et bien préciser le lieu où se trouve la victime ;
• Faire assoir la victime A L'OMBRE, ou l'allonger en position latérale de sécurité si elle est inconsciente ;
• Par tous moyens essayer de favoriser le refroidissement de la victime : la mettre à l'ombre, ôter les vêtements, humidifier la peau, créer un courant d'air dirigé vers la personne ;
• Si la victime est consciente : la faire boire de l'eau fraîche, par petites quantités régulières jusqu'à l'arrivée des secours ;
• Surveiller la conscience, rassurer ;
• Si la victime est inconsciente et qu'elle ne respire plus et/ou que son cœur paraît arrêté, entamer un massage cardiaque (intérêt de la présence dans les équipes de secouristes au travail)

Comment concilier la prévention des risques liés aux fortes chaleurs avec les précautions requises pour éviter la propagation du virus ?

Repensez l’organisation du travail

En cas de fortes températures, la vigilance doit être accrue et la réorganisation du travail peut-être une envisagée :

• prévoir si possible une rotation des tâches afin de limiter le temps d’exposition des salariés au soleil ; 
• aménager les horaires de travail, afin de bénéficier des heures les moins chaudes de la journée ; 
• privilégier davantage de moments de repos dans la journée ;
• limiter ou reporter autant que possible le travail physique ;
• mettre à disposition de l’eau potable.

Dans la mesure où la distance d'au moins 1 mètre ne peut pas être respectée pour certaines tâches, chaque salarié devrait porter un masque ou éventuellement des visière ou écrans faciaux (à privilégier en complément du masque). Après usage du masque ou dès qu’il est humide ou mouillé, il est impératif de le retirer.

Comment aérer, ventiler ou climatiser les locaux en période de Covid-19 ?

En période de fortes chaleurs, favoriser le renouvellement de l'air et en limiter le brassage est primordial pour prévenir les risques liés à la chaleur mais également pour limiter la propagation du virus.

• L'aération des locaux doit être faite 2 à 3 fois par jour pendant au moins 15 minutes par ouverture des fenêtres et/ou des portes pour augmenter l'apport d'air extérieur et ce, même pour les pièces équipées de systèmes de ventilation ou de climatisation. Les apports d’air neuf (air provenant de l’extérieur) permettent la dilution des virus éventuellement présents dans les locaux et doivent donc être privilégiés. Ces apports sont effectués par la ventilation mécanique, si possible sans recyclage d'air, ou par l’ouverture des fenêtres pendant les heures les moins chaudes de la journée, voire la nuit.
• Les systèmes de ventilation doivent être en bon état de fonctionnement : entretien réalisé, filtres remplacés selon le calendrier fixé, orifices d'entrée et de sortie d'air non obstrués (faire le test de la feuille de papier sur les bouches d'extraction). Il faut également veiller à accroître l'arrivée et l'extraction de l'air. Désactiver les systèmes de recyclage de l'air et fonctionner seulement avec un apport d'air extérieur (si ce n'est pas possible, réduire au maximum le recylcage de l'air). Elargir les plages horaires de fonctionnement (1 heure avant et 1 heure plus tard). Dans les locaux équipés de simples ventilateurs, aérothermes ou déstratificateurs, il faut arrêter ces équipements pour éviter la dispersion des contaminants par le brassage de l'air. Les ventilateurs produisent des vitesses d’air élevées qui peuvent transporter des contaminants sur des distances importantes. Il convient donc d’éviter leur utilisation autant qu’il est possible dans les locaux occupés par plus d’une personne. Dans tous les cas, l’utilisation de ventilateurs de grande taille, par exemple situés au plafond, est à proscrire, ceux-ci produisant des flux d’air importants et difficiles à maîtriser. Si l’utilisation de ventilateurs individuels s’avère malgré tout indispensable pour maintenir des conditions de travail acceptables en cas de fortes chaleurs, une réduction de la vitesse de l'air et une implantation limitant la dispersion de l'air sur plusieurs personnes sont recommandées.
• Les systèmes de climatisation peuvent être utilisés sous réserve de leur bon entretien et notamment du nettoyage et du remplacement régulier des filtres conformément aux prescriptions de leurs fournisseurs. Il est recommandé de conserver les mesures de distanciation sociale et de porter un masque si plusieurs personnes sont présentes dans la pièce, de régler le flux d'air à la plus faible vitesse possible et de l'orienter à l'opposé des occupants.

Téléchargez le livret de prévention Présanse Paca-Corse "Covid-19 et travail par fortes chaleur"

Sources : INRS, AMETRA 06